Un mode de vie qui mérite d’être étudié: vivre sans voiture

100 personnes du canton de Berne ont voulu faire le test et ont renoncĂ© Ă  leur voiture pendant un mois dans le cadre du «31days Challenge». Nous nous sommes entretenus avec quatre participants qui ont empruntĂ© de nouvelles voies – au sens propre du terme.

18.08.2023

  • Lifestyle

Le marchĂ© est le suivant: remettre les clĂ©s de la voiture pendant 31 jours et, en Ă©change, recevoir par exemple un vĂ©lo Ă©lectrique, un AG d’essai et un abonnement d’essai Mobility. Telle Ă©tait l’expĂ©rience Ă  laquelle 100 personnes du canton de Berne ont participĂ© en juin.

L’idĂ©e du31days-Challengeprovient du camp fĂ©dĂ©ral de scout, elle a Ă©tĂ© mise en Ĺ“uvre par le consortium «ÖV42», qui regroupe les CFF, les BLS, le Schweizerische SĂĽdostbahn (SOB), CarPostal, le canton de Saint-Gall et la coopĂ©rative  42hacks. Cette dernière s’efforce d’inciter davantage de personnes Ă  abandonner leur voiture personnelle au profit des transports publics. «Grâce Ă  des approches innovantes et entrepreneuriales, nous encourageons le passage du transport individuel motorisĂ© aux moyens de transport alternatifs et aux TP, afin d’éviter les Ă©missions inutiles de gaz Ă  effet de serre», explique Jessica Schmid, cofondatrice de la coopĂ©rative. 

Mais à quoi ressemble la vie sans voiture dans la pratique? Nous avons voulu le savoir et avons parlé avec des personnes qui ont tenté l’essai – et qui ont fait des expériences très différentes.

Le couple Grassi: la liberté de découvrir de nouvelles choses

Andreas Grassi et sa femme Katy Rhiner Grassi ont tentĂ© l’expĂ©rience. Ils ont rendu les clĂ©s – dĂ©finitivement. Avant mĂŞme la fin du 31days Challenge, ils se sont dĂ©barrassĂ©s de leur Peugeot 208. Après 50 ans de possession d’une voiture, Andreas Grassi a pris la dĂ©cision que lui et sa femme envisageaient depuis un certain temps dĂ©jĂ . «Au dĂ©part, nous voulions nous sĂ©parer de la voiture Ă  la fin de l’annĂ©e», explique l’enseignant d’école professionnelle Ă  la retraite. «Nous avons profitĂ© de ce challenge pour passer Ă  l’action.» 

Les rĂ©actions de l’entourage ne se sont pas fait attendre, comme l’explique Katy Rhiner Grassi: «Les questions ont fusĂ© de toutes parts: ‹Mais comment allez-vous faire? Comment allez-vous aller Ă  ....? Et que ferez vous si…?.›» Le fait est que le couple a trouvĂ© une rĂ©ponse Ă  chaque question. Andreas Grassi ajoute: «Dès que l’on renonce Ă  la voiture, notre manière de planifier un trajet et la perception de notre mobilitĂ© changent.» 

Un exemple: depuis des années, le couple se rend régulièrement de sa ville natale de Thoune à sa maison de vacances au Tessin. La plupart du temps via le col du Simplon. «En voiture, on est extrêmement focalisé sur le fait d’aller le plus rapidement possible de A à B», explique Andreas Grassi. «Pendant toutes ces années, il ne me serait jamais venu à l’esprit de faire une halte au village du Simplon.» En route sans voiture, le couple consulte pour la première fois les horaires des transports publics. «Après avoir remarqué à quel point les liaisons sont bonnes le long de l’itinéraire, nous avons décidé au dernier moment de faire une halte à Simplon. Nous avons adoré ce petit village. En voiture, nous serions passés à côté et nous ne l’aurions jamais découvert.»

Andreas Grassi

Colette Kappes: Chäs und Brot, retour

Colette Kappes (38 ans) vit avec sa famille en dehors de la ville de Berne, dans le petit hameau qui porte le nom merveilleux de Chäs und Brot (fromage et pain). Et comme dans de nombreuses rĂ©gions rurales, la voiture fait ici souvent partie de l’équipement de base. Pourtant – ou peut-ĂŞtre justement pour cette raison – Colette Kappes, son mari, ses deux enfants, son chien et son chat ont renoncĂ© pendant un mois Ă  leur voiture – mĂŞme si le chat n’a jamais Ă©tĂ© particulièrement attirĂ© par les dĂ©placements en voiture. «Par le passĂ©, nous avons habitĂ© pendant un an dans le centre-ville de Berne et nous y avons bien vĂ©cu sans voiture», dit Colette Kappes. Depuis, ils se sont souvent demandĂ© s’ils ne voulaient pas se sĂ©parer de leur voiture. «Le 31days-Challenge Ă©tait une super occasion de tester ce que cela voulait dire dans la pratique.» 

AussitĂ´t dit, aussitĂ´t fait. Le premier bilan est positif. «Bien sĂ»r, le temps magnifique a surtout jouĂ© en faveur de l’e-bike. J’aimerais bien refaire le test en automne/hiver, lorsque le temps sera moins clĂ©ment.» Pendant le mois du test, la famille a utilisĂ© les transports publics et le car sharing de Mobility en plus du vĂ©lo Ă©lectrique. Ce dernier a Ă©tĂ© utilisĂ© en premier lieu pour amener leur chien au club d’éducation canine. «Si Mobility propose un emplacement chez nous, ce serait un complĂ©ment parfait.» 

En s’entretenant avec Colette Kappes, on sent d’emblée que le 31days Challenge a bouleversé les habitudes de la famille. En effet: «après mûre réflexion, nous avons décidé de nous séparer de notre voiture.» Fin juillet, la vieille Volvo tant aimée a trouvé un nouveau propriétaire. Félicitations!

Colette Kappes avec sa famille

Patrik Ritter: le vélo électrique comme révélation

On peut quand mĂŞme tomber sur des annonces censĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux: c’est une bannière publicitaire pour le 31days-Challenge sur Facebook qui a attirĂ© l’attention de Patrik Ritter (39). «J’ai trouvĂ© l’idĂ©e intĂ©ressante et j’en ai discutĂ© avec ma compagne.» Après un minimum de travail de persuasion, ils ont littĂ©ralement osĂ© mettre leur VW-Passat sur la voie de garage pendant un mois. 

Patrik Ritter a notamment fait de nouvelles expériences positives avec le vélo électrique. «Les trajets jusqu’à la crèche avec mon fils dans la remorque ont été un vrai plaisir - l’aspect forme physique est aussi un effet secondaire bienvenu.» Mais ce n’est pas tout: «le vélo électrique permet de faire de petites courses sans perdre du temps à chercher une place de parking.»

Alors que l’informaticien travaille en partie depuis son domicile à Münsingen, sa compagne utilise les transports publics et Mobility depuis son lieu de travail. Patrik voit beaucoup d’avantages à cette solution de mobilité combinée, mais aussi certains défis: «Surtout avec un enfant en bas âge, l’aspect pratique d’une voiture personnelle est difficile à battre.»

L’AG est également une offre intéressante en soi, mais en tant que jeune famille, son «horizon de voyage» est actuellement trop restreint pour pouvoir en profiter pleinement. «Mais ce que j’ai appris pour moi, c’est à décider plus consciemment quelle forme de mobilité j’utilise et quand.»

Patrik Ritter

Un bilan?

  • Les 100 participant(e)s ont tou(te)s menĂ© Ă  bien l’expĂ©rience 31days et renoncĂ© Ă  leur propre voiture jusqu’au bout. 
  • 27% des voitures ont Ă©tĂ© vendues pendant le challenge ou après celui-ci. Douze mĂ©nages n’ont plus de voiture du tout, six n’en ont plus qu’une au lieu de deux.
  • 26 autres mĂ©nages conservent leur propre voiture mais investissent Ă©galement dans Reka-Rail, un abonnement Évasion ou un AG.
  • 90% des personnes ont dĂ©clarĂ© après le challenge qu’elles utiliseraient leur voiture moins souvent ou de manière plus raisonnĂ©e Ă  l’avenir.

Interview sur la numérisation de la mobilité: «le confort est un facteur décisif»

Thomas Sauters-Servaes, responsable de la filière Systèmes de transport à la ZHAW School of Engineering. Le chercheur en mobilité voit notamment dans la numérisation de grandes opportunités pour une redistribution durable du trafic.

Thomas Sauters-Servaes, les participants interrogĂ©s dans le cadre du 31days -Challenge ont rĂ©agi positivement Ă  l’expĂ©rience. Plusieurs d’entre eux ont mĂŞme complètement renoncĂ© Ă  leur voiture. Que faut-il pour que davantage de personnes fassent de mĂŞme?

Thomas Sauters-Servaes: le confort est un facteur dĂ©cisif. L’avantage de la voiture: elle est l’ultime rĂ©ducteur de complexitĂ©: allumer le GPS – et c’est parti. Ă€ partir de lĂ , on peut l’«utiliser sans rĂ©flĂ©chir». Toutes les autres possibilitĂ©s nĂ©cessitent encore beaucoup de planification en amont et lors de l’utilisation. 


Comment pourrait-on réduire ce travail de planification?

Thomas Sauters-Servaes: peut-ĂŞtre qu’un croisement entre Alexa d’Amazon et les systèmes OpenAI tels que ChatGPT reprĂ©sente la solution: un robot de mobilitĂ© personnel qui, en fonction de mes prĂ©fĂ©rences, m’offre toujours la meilleure combinaison de moyens de transport. Il n’est plus nĂ©cessaire de prendre des dĂ©cisions difficiles, le logiciel rĂ©serve automatiquement les meilleurs tarifs – et en cas de perturbations du trafic, je suis «redirigé» en douceur.


L’avenir des offres Mobility mixtes réside-t-il dans une individualisation encore plus poussée?

Thomas Sauters-Servaes: ce pourrait ĂŞtre la chance que nous offre la numĂ©risation: sans augmentation sensible de la complexitĂ©, mon assistant de mobilitĂ© virtuel peut me proposer une offre adaptĂ©e Ă  mes besoins. La jungle tarifaire en arrière-plan n’a pas Ă  m’intĂ©resser en tant qu’utilisateur. La condition reste toutefois que l’offre des transports publics et du monde du partage soit suffisamment bonne pour permettre de crĂ©er des trajets attrayants, combinant plusieurs moyens de transport.

Thomas Sauter-Servaes, responsable de la filière Systèmes de transport à la ZHAW School of Engineering

GoSimple: coup d’envoi d’une vie plus simple

Mobility continuera Ă  l’avenir Ă  soutenir des projets innovants qui ont pour objectif une sociĂ©tĂ© durable. Le prochain projet est dans les starting-blocks: dans la rĂ©gion de Bâle, le projet GoSimple invite les mĂ©nages Ă  essayer pendant cinq mois de vivre de manière plus simple et plus durable. Au moyen d’ateliers, de discussions d’experts et de diverses possibilitĂ©s d’échange, les participants doivent rendre leur quotidien plus simple, plus Ă©conome et plus respectueux de l’environnement. Outre les thèmes de l’alimentation, de la consommation et de la rĂ©duction du stress, le comportement personnel en matière de mobilitĂ© est Ă©galement abordĂ©. Le programme de groupe dĂ©bute en septembre, plus d’infosici.

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