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«Dans cinq ans, tout le monde voudra des véhicules électriques.»

Rares sont les sujets qui font l’objet d’autant de discussions que l’électromobilité. Durabilité, autonomie ou prix: nous avons interrogé le Prof. Dr Andrea Vezzini, grand spécialiste de la question. Il est responsable du centre BFH Stockage d’énergie de la Haute école spécialisée bernoise.

03.09.2020

  • Futur

  • DurabilitĂ©

Andrea Vezzini, l’électromobilité est aujourd’hui sur toutes les lèvres. S’agit-il d’un effet de mode ou d’une tendance plus durable?

Partout dans le monde, le désengagement des énergies fossiles est l’une des questions les plus urgentes à laquelle il faut apporter des réponses. En Suisse, le trafic entraîne 39% des émissions de CO2, sans même parler du trafic aérien. L’électrification sous la forme de voitures électriques à batterie présente donc un immense potentiel.

Pourquoi en êtes-vous si sûr?

Des progrès majeurs ont été apportés dans le développement des batteries lithium-ion. De plus, les grands fabricants automobiles sont aujourd’hui prêts à mener des recherches intensives sur l’électromobilité pour en favoriser le développement. Les voitures électriques sont plus intéressantes à construire que les voitures ayant un moteur à combustion. Leur moteur prend en effet moins de place qu’un moteur diesel ou essence, ce qui peut offrir des possibilités pour améliorer la sécurité et la dynamique de conduite.

La plupart des constructeurs automobiles misent sur l'avenir des voitures Ă©lectriques.

Vous avez évoqué les batteries, dont la construction est controversée.

Oui, c’est un dĂ©bat justifiĂ©. Lorsque la batterie est fabriquĂ©e et chargĂ©e dans un contexte de charge CO2 Ă©levĂ©, un vĂ©hicule comme l’e-Golf devra parcourir jusqu’à 125’000 kilomètres pour obtenir un bilan CO2 positif. Si des Ă©nergies renouvelables sont utilisĂ©es pour la production et l’exploitation, alors des Ă©conomies allant jusqu’à 80% sont possibles pour la batterie.

Le recyclage des batteries est-il un sujet évoqué dans l’industrie?

Bien sûr. Il existe des concepts et des processus de fabrication qui prouvent que plus de 92% des batteries sont recyclables. La technologie existe, or personne ne construit pour l’heure d’installation de recyclage car toutes les batteries se trouvent actuellement encore dans les véhicules. Du reste, des efforts importants sont entrepris aussi pour l’extraction des matières premières afin que celle-ci soit la plus durable et la plus socialement acceptable possible.

Les batteries durent donc longtemps?

La durĂ©e de vie cyclique est dĂ©terminante. Elle indique Ă  quelle frĂ©quence la batterie peut ĂŞtre chargĂ©e et dĂ©chargĂ©e. Si un cycle permet de parcourir 400 kilomètres, alors on arrive Ă  400’000 kilomètres avec 1’000 cycles. Avec les nouveaux vĂ©hicules Ă©lectriques, la batterie dure ainsi plus longtemps que le vĂ©hicule. Il est Ă©galement intĂ©ressant de constater que pour les batteries lithium-ion, la capacitĂ© Ă©nergĂ©tique augmente si elles ne sont dĂ©chargĂ©es que partiellement. Des kilomĂ©trages encore plus Ă©levĂ©s sont donc possibles. Tesla parle dĂ©jĂ  de la voiture Ă  «1 million de kilomètres».

À propos d’autonomie: la Zoé de Mobility peut parcourir jusqu’à 400 kilomètres. Est-ce suffisant?

Oui. Je pense que l’autonomie n’est plus un facteur aujourd’hui, d’autant plus qu’on construit aujourd’hui des bornes de recharge dans toute la Suisse.

Qui fait avancer les choses?

La ConfĂ©dĂ©ration, qui agit de manière relativement habile. Elle lance des bornes de recharge rapide sur les aires de repos le long des routes nationales suisses. Celles-ci seront prĂŞtes dans les deux prochaines annĂ©es et permettront de charger jusqu’à 100 Ă  150 kilomètres d’énergie en seulement 20 minutes. La durĂ©e idĂ©ale d’une pause cafĂ©!

Qu’en est-il de la situation dans les villes?

Les défis sont plus importants dans les zones urbaines. J’ai l’image d’Oslo en tête, où les places de parc disposent par défaut d’une borne de recharge. En Suisse, il serait certainement pertinent de demander aux villes et aux communes de développer des concepts similaires.

Malheureusement, les prix de ces voitures sont encore très élevés. Comment vont-ils évoluer?

Les fabricants vont essayer de proposer les véhicules électriques dans le même segment de prix que les modèles actuels avec moteur à combustion. Nous serons ainsi dans une situation où nous pourrons faire l’acquisition d’une meilleure voiture pour le même prix avec un coût d’entretien plus faible. Du point de vue de l’acheteur, c’est ce qu’on appelle le «point de basculement». On peut le comparer avec l’écran tactile des smartphones: à un moment donné, plus personne ne voulait d’un téléphone à clavier. Je suis convaincu que nous atteindrons ce point de basculement pour les véhicules électriques dans les quatre à cinq prochaines années.

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